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[FOCUS BUMIDOM] Des parcours orientés : filières et affectations des migrants du BUMIDOM
Créé en 1963, dans le contexte des Trente Glorieuses, le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) vise à organiser l’émigration des Antillais, Réunionnais et Guyanais vers l’Hexagone. Il répond à un double enjeu : réduire le chômage dans les DOM et pourvoir les postes vacants dans la fonction publique ou les secteurs en tension en France, à la suite notamment de l’indépendance de l’Algérie et du départ d’une partie des fonctionnaires d’origine algérienne.
Le BUMIDOM met alors en place un système de préformation et d’orientation professionnelle, structuré autour de filières genrées. Les femmes sont majoritairement orientées vers les emplois de service peu qualifiés : aide-soignante, femme de ménage/employée de maison, opératrice textile. Certaines passent par des centres de formation comme celui de Crouy-sur-Ourq, avant d’être affectées dans des hôpitaux, des foyers ou des usines de confection à Rouen ou Troyes. Les hommes, quant à eux, sont dirigés vers les secteurs de l’industrie (automobile, métallurgie), du bâtiment ou encore vers la Poste, où les migrants ultramarins représentent près de 20 % du personnel à Paris dès le milieu des années 1970.
Les dossiers individuels de candidats au BUMIDOM, conservés aux Archives départementales de la Guadeloupe, nous informent sur les affectations professionnelles. Ils révèlent à la fois les logiques de sélection et d’orientation imposées par le BUMIDOM, mais aussi les aspirations individuelles : désir d’un avenir meilleur, d’une formation qualifiante ou encore d’une mobilité sociale que le contexte local ne permettait pas toujours. Ces filières incarnent la dimension profondément encadrée de cette migration. Derrière chaque dossier, c’est un itinéraire singulier qui s’écrit, au croisement des stratégies de l’État et des rêves personnels.
Cependant, comme le souligne le rapport d’activité du BUMIDOM de 1981, le placement en emploi (30 436) ou en formation (11 205) ne concerne qu’une partie des 85 863 migrants encadrés par le BUMIDOM depuis sa création.


