[FOCUS BUMIDOM] 1978, une année de départs examinée à la loupe

Dans le cadre de la préparation de l’exposition sur le BUMIDOM, les Archives départementales ont entrepris le dépouillement d’un certain nombre de dossiers nominatifs afin de mieux connaître les volontaires au départ. 1978 a été choisie comme année cible, représentative d’une période post choc pétrolier ayant eu de graves conséquences sur l’économie mondiale, avec une incidence directe sur l’emploi en Hexagone.

La collecte d’informations a porté sur l’ensemble des dossiers conservés (655) pour cette année. Le traitement des demandes par l’administration du BUMIDOM ayant été fait de manière chronologique par numéro d’enregistrement, ce dépouillement a permis d’identifier l’absence aléatoire d’une petite trentaine de dossiers sur cette période. Ce constat fait, il a fallu ensuite définir un premier niveau de données à recueillir, complété par la suite en raison de la richesse des dossiers.

Le recueil minutieux des données pour chacun de ces dossiers a multiplié les possibles en termes de traitement statistique et d’interprétation des résultats. L’examen des différents indicateurs a mis en évidence certaines caractéristiques parmi les demandeurs, dont la relative parité d’hommes (48%) et de femmes (52%) ou la part importante (près de 36%) de regroupements familiaux. 234 demandes de regroupement ont été formulées en 1978, concernant 455 personnes, avec parfois des départs nombreux au sein d’une même famille (jusqu’à 10 personnes).

Dans un contexte inflationniste et de hausse du chômage, le BUMIDOM adapte son dispositif. Les placements en emploi ou encore, en centres de formation ou préformation diminuent au profit des regroupement familiaux et de nouveaux objets de départ : convocation à des épreuves pour intégrer la fonction publique ou une école spécialisée, prise de poste suite à l’obtention d’un concours ou une demande de détachement, formation continue faisant suite à une promotion dans un emploi occupé, voire même aide ponctuelle à quelques jeunes hommes de retour de leur service militaire.

Dossier BUMIDOM datant de 1978. Arch. dép. Guadeloupe.

Parmi ces dossiers, figurent aussi quelques situations particulières comme par exemple, ces jeunes hommes, à peine âgés de 16-17 ans, partis pour intégrer une grande école d’apprentis lads et jockeys ou intégrer la fondation des apprentis d’Auteuil en mécanique automobile. Un autre dossier révèle le parcours d’un autre jeune avec des dispositions musicales avérées qui se voit proposer d’intégrer l’école normale de musique de Paris grâce au soutien financier et logistique du BUMIDOM. Ces dossiers administratifs renseignent tout autant sur des parcours de vie que sur des métiers et des lieux peu connus, comme pour ce trentenaire parti en formation zootechnique à la Bergerie nationale de Rambouillet.

Les dossiers dévoilent malheureusement quelques récits plus douloureux. Des demandes sont traitées par le BUMIDOM dans un cadre médical comme pour cet homme de 72 ans, le demandeur le plus âgé de l’année, qui a dû se rendre en Hexagone pour y être soigné. D’autres malades ont pu bénéficier de la présence d’un accompagnateur durant le voyage.

Pour leur rendre hommage mais également mieux visualiser l’ampleur de la migration liée au BUMIDOM, un mur des prénoms de ces Guadeloupéennes et Guadeloupéens passés par le BUMIDOM a été intégré à l’exposition présentée aux Archives départementales. Le mur a été réalisé sur la base du dépouillement de ces dossiers de l’année 1978. Afin de préserver l’anonymat des personnes concernées, seuls les prénoms y figurent.

Vue de l’exposition Histoire d’une migration, les années Bumidom. Sur la gauche, une partie du mur des prénoms. Arch. dép. Guadeloupe.

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