[FOCUS BUMIDOM] Conscience antillaise fait le point sur l’émigration en juillet 1966.

En lien avec la thématique de notre exposition Histoire d’une migration, les années Bumidom, nous vous proposons de découvrir Conscience antillaise : le bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises. Quatre numéros paraissent entre 1966 et 1967. Les articles sont rédigés par un collectif composé d’étudiants, d’enseignants, de chercheurs, de médecins Guadeloupéens et Martiniquais, dont Alain Aboso, Jacques Adélaïde, Raymond Boutin, Guy Cery, Alex Cipolin, Gabrielle Désiré, ou Maurice Dogue. La revue rassemble des militants qui partagent une vision antillaise, clairement annoncée par son titre. Le ton est donné dès la couverture : « Notre conviction est qu’il est urgent et indispensable pour les Antillais d’assumer pleinement leurs responsabilités ».
En juillet 1966, la revue présente dans sa rubrique économie un long article intitulé : « Le point sur l’émigration ». Cet article traite de la politique d’encouragement à l’émigration vers l’Hexagone, incarnée par le BUMIDOM, qui existe alors depuis seulement trois ans. Dès l’introduction, on comprend que l’émigration était déjà une réalité en 1966 : « Quelle famille […] n’a actuellement dans une quelconque des villes de France un ou plusieurs de ces membres ? »
Pour les auteurs de l’article, il importe « de faire le point sur cette question en rappelant les principales raisons invoquées par les promoteurs et responsables, les avantages qu’ils déclarent en escompter pour les Antilles, les difficultés qu’ils avouent rencontrer, puis, après une analyse critique de ces différents points, en montrant, à la lumière des faits, les vraies raisons de cet exode organisé, ses conséquences immédiates et lointaines, en proposant un essai de synthèse. »

Extraits choisis :
« Le manque d’informations objectives crée une confusion que masque les vrais problèmes. Ce père de famille nombreuse qui laisse partir sa fille cadette pour un poste « d’agent hospitalier » à Paris, « pour être infirmière », ne sait pas qu’elle sera, avant tout, fille de salle avec infiniment peu de chance d’accéder à la promotion qu’on lui a fait miroiter au départ. Cela n’est pas très grave, ce qui l’est, c’est qu’il ne sait pas qu’un salaire décent lui aurait peut-être permis d’aider cette jeune fille à poursuivre sa scolarité ou sa formation professionnelle. Ce qui est grave, c’est qu’il ne sait pas que sa fille avait le devoir de lutter pour obtenir du patron du grand magasin où elle travaillait déjà, le salaire nécessaire à ses besoins élémentaires. »
« Dans le cadre du développement des Antilles, une migration du travail pourrait se révéler extrêmement utile si elle consistait à former des jeunes Antillais à des techniques qu’ils pourraient utiliser dès leur retour dans leur pays natal. Pour cela, il eût fallu que cette migration, tout en continuant d’être une migration de travail […] fut aussi et surtout une migration transitoire, temporaire. L’émigrant, une fois sa qualification obtenue, serait invité à retourner chez lui ».

« Le point sur l’émigration », Conscience antillaise : bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises, n° 3, juillet 1966, extraits. Arch. dép. Guadeloupe, PG 52.

 

« Le point sur l’émigration », Conscience antillaise : bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises, n° 3, juillet 1966, extraits. Arch. dép. Guadeloupe, PG 52.

 

« Le point sur l’émigration », Conscience antillaise : bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises, n° 3, juillet 1966, extraits. Arch. dép. Guadeloupe, PG 52.

 

« Le point sur l’émigration », Conscience antillaise : bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises, n° 3, juillet 1966, extraits. Arch. dép. Guadeloupe, PG 52.

 

« Le point sur l’émigration », Conscience antillaise : bulletin d’étude des réalités et perspectives antillaises, n° 3, juillet 1966, extraits. Arch. dép. Guadeloupe, PG 52.

 

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