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[COMMEMORATION] Le pangol, un héritage de la communauté indo-guadeloupéenne
Au lendemain de l’abolition de l’esclavage de 1848 en Guadeloupe, la production sucrière s’effondre. De nombreux « nouveaux libres » quittent les habitations agricoles qui, face à cette pénurie de main d’œuvre, recourent à l’engagisme. Il s’agit d’employer des ouvriers agricoles sous contrat (de cinq ans). Bien que d’autres groupes aient été recrutés (africains, chinois et environ 43 000 indiens entre 1853 et 1889), la migration indienne s’est avérée être la plus durable. Au sein de cette migration, deux grands groupes se distinguent par leur lieu de recrutement : les Tamouls et les Calcutta. En Guadeloupe, le 24 décembre 1854, les 314 premiers engagés indiens débarquent du bateau l’Aurélie. Les premiers arrivants furent en majorité tamouls auxquels le terme « Malabar » est le plus souvent associé.
Cette carte postale a été éditée à Pointe-à-Pitre, au début du XXe, siècle par l’éditeur Phos, pseudonyme d’Edgar Littée, le plus important photographe de Guadeloupe entre 1895 et 1912. Elle présente ce qui semble être une cérémonie du « Pangol » très probablement une désignation locale ou une variation orthographique du Pongol (ou Ponkal), qui est une fête religieuse hindoue. Au premier plan, deux personnes sont assises, tandis qu’à l’arrière-plan deux hommes se tiennent debout, les mains levées. Ces gestes peuvent évoquer une mise en scène rituelle ou performative. À l’exception du jeune homme au centre, l’ensemble des personnes portent des tenues, des accessoires et des ornements associés au cadre cérémoniel. Ce jeune homme tient un tambour à deux faces, nommé « matalon », instrument qui rythme les cérémonies qui incluent parfois ce que l’on nomme dans la communauté indienne de Guadeloupe le « nâdron », du théâtre chanté et dansé.
Carte postale intitulée Guadeloupe – Indiens Malabars en « pangol », Ed. Phos, début XXe siècle. Arch.dép.Guadeloupe, 5 Fi 94/1.
Sources :
Swami, S. (2003). « Les Cultes indiens en Martinique et en Guadeloupe ». The French Review, 76(6). http://www.jstor.org/stable/3133157
Nègre, A. (1964). « Les Indiens de la Guadeloupe et leurs rites religieux ». Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, (1). https://doi.org/10.7202/1044244ar
Picard, J. (2018). « L’immigration indienne et les désastres du Sigisbert-Cézard », Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, (179). https://doi.org/10.7202/1053507ar
Ravi, S. (2012). « Musique populaire, métissage et identités culturelles : vers les recherches comparées ». International Journal of Canadian Studies / Revue internationale d’études canadiennes. https://www.erudit.org/fr/revues/ijcs/2012-n45-46-ijcs0128/1009911a
