[FOCUS SUR] Le 24 décembre 2023 est le 169 « premier jour »

Le 24 décembre, la Guadeloupe se recueille chaque année à Pointe-à-Pitre autour d’une stèle qui porte le nom de monument du « premier jour ». Mais connaissez-vous la signification de cette commémoration, le 169e « premier jour » que l’on fête en 2023 ?

Il faut remonter à 1854 et plus précisément à la nuit du 24 au 25 décembre, au moment où entre dans la rade de Pointe-à-Pitre un voilier dénommé l’Aurélie. L’arrivée de ce trois-mâts n’aurait rien d’inhabituel dans le plus grand port de commerce de la Guadeloupe mais il s’agit néanmoins d’un événement essentiel pour l’île d’émeraude. Car l’Aurélie est un coolie-boat, parti du comptoir français de Pondichéry sur la côte orientale de l’Inde ; il transporte dans ses flancs 312 Indiens qui ont signé un engagement pour venir travailler au moins cinq ans dans les champs de cannes. Et ils sont attendus ! Depuis 1848 et l’abolition de l’esclavage, les propriétaires de domaines sucriers, appelés des « habitations », sont à la recherche d’une main-d’œuvre de substitution qui permette, à moindres frais, de remplacer le travail servile. Les anciens esclaves devenus des Nouveaux Citoyens sont manifestement peu enclins à demeurer chez leurs anciens maîtres, et moins encore à travailler pour les salaires qui leur sont proposés. Diverses voies ont été explorées sans grand succès – en Afrique ou en Europe – et pour trouver une main d’œuvre bon marché, la Guadeloupe, comme les autres colonies anglaises ou françaises de la Caraïbe, est prête à aller chercher très loin les bras dont elle a besoin, jusque dans le lointain océan Indien.

Entre 1854 et 1889, date d’arrivée du dernier coolie-boat à la Guadeloupe, plus de 42 000 Indiens, hommes, femmes et enfants feront la traversée. Beaucoup vont mourir avant la fin de leur engagement, d’autres repartent au terme de leur contrat mais ils sont près de 15 000 à demeurer sur place et à se fondre progressivement dans la population guadeloupéenne, non sans transmettre et diffuser une partie de leur patrimoine culturel.

 

archives départementales de la guadeloupe archives sur les engagés indiens aux XIX e siècle
Arrivée à la Guadeloupe des coolies travailleurs engagés pour les Antilles françaises, gravure tirée du journal « L’illustration, », 1858. Arch. dép. Guadeloupe, 2 Fi 108.

 

Arrivée à la Guadeloupe des coolies travailleurs engagés pour les Antilles françaises, gravure tirée du journal « L’illustration, », 1858. Arch. dép. Guadeloupe, 2 Fi 108 (extrait).

 

Couverture du dossier pédagogique.

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