[FOCUS SUR] Gaston Monnerville en visite officielle à la Guadeloupe en 1950

Nous sommes sous la 4ème République ; le pouvoir législatif est exercé par le parlement composé de deux chambres distinctes.  L’Assemblée Nationale, élue au suffrage direct, détient la majeure partie du pouvoir législatif et contrôle le gouvernement. Le Conseil de la République, dont les membres sont élus au suffrage indirect, comme le Sénat actuel, est limité à un rôle consultatif.

Le pouvoir exécutif est exercé essentiellement par le président du Conseil proposé par le président de la République et  investi par l’assemblée nationale.

Gaston Monnerville, président  du  Conseil de la République sans discontinuer de 1947 à 1958, est donc le 2ème personnage de l’Etat par ordre de préséance lors de ses visites officielles aux Antilles en février 1950. Il commence par Haïti puis visite la Martinique et la Guadeloupe d’où il s’envole vers la Guyane.

Pour rappel, Gaston Monnerville est né à la Guyane en 1897 et est le fils d’un fonctionnaire colonial martiniquais et d’une mère descendante de cultivateurs de Case-Pilote. Sa carrière politique est longue,  riche et puissante. Entre autres fonctions politiques, il est député, sénateur, maire, sous-secrétaire d’état aux colonies en 1937 et 1938, président du conseil général du Lot, membre du conseil constitutionnel. Il meurt en 1991.

Acteur de la départementalisation des quatre vieilles colonies, il se rend à la Guadeloupe à une époque charnière.  La départementalisation y est effective depuis le 19 mars 1946, c’est aussi le commencement des décolonisations.

Les pièces que nous présentons aujourd’hui sont extraites d’un dossier du cabinet du préfet qui montre comment s’organise la visite du président.  Le programme  de la visite est précis,  minuté, serré et sans surprise : Arrivée à l’aéroport du Raizet  à bord de l’avion  Catalina le mardi  21 février 1950, visites et réceptions  dans des mairies, passage à la sous-préfecture, grande réception dans les salons de la préfecture, visites de chantiers, inaugurations diverses , dépôt de gerbes, vins d’honneur avec des représentant d’associations, déjeuners … et enfin départ le vendredi  24 février au matin.

La visite qui semble purement protocolaire, sert avant tout à rassurer, à resserrer les liens  entre le nouveau département et l’Etat dans un contexte à  la  fois relativement calme dans l’île (avant les grandes grèves de 1952 et 1953) mais instable sur le plan international (début de la guerre froide…)

Le dossier montre l’importance politique des notables dans un monde encore  apparemment  teinté de colonialisme et d’habitudes anciennes. Les mondanités, cérémonies, concours de poésie, florilèges divers,  sont toujours extrêmement importants dans le fonctionnement de la société guadeloupéenne et hexagonale.  Les élites locales croient encore largement aux progrès sociaux et économiques et à la modernité   comme conséquences de la départementalisation. La population, spectatrice,  est conviée au passage dans les mairies.  Aucune opposition apparente ne se marque dans ce dossier qui ne comporte aucun rapport de police. Le désenchantement se manifestera peu à peu au fil des années suivantes.

Visite de Gaston Monnerville, président du Conseil de la République du 21 au 24 février 1950. Arch. dép. Guadeloupe, SC 10/2.

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