[FOCUS SUR] La mise en œuvre de la « Loi des huit heures » de travail à la Guadeloupe.

Le 23 avril 1919, le Parlement adopte la « Loi des huit heures » qui consacre la limitation du temps de travail à 8 heures par jour sans perte de salaire. Avancée sociale majeure, son champ d’action est cependant circonscrit et sa mise en œuvre doit répondre à une méthodologie précise. Un dossier provenant du Cabinet du Gouverneur, nous en apprend plus au sujet de la mise en œuvre de cette loi à la Guadeloupe.

Le Gouverneur est officiellement informé de la publication de la loi du 23 avril 1919 par courrier du Ministre des colonies en date du 19 mai 1919. Il est demandé au Gouverneur de procéder à « une étude approfondie des modalités qu’il convient d’adopter pour l’application dans [la] colonie, de la loi du 23 avril et de soumettre des projets qui devront être établis par profession, par industrie, par commerce ou par catégorie professionnel ».

Pour ce faire, le Gouverneur peut s’appuyer sur son administration et notamment les services de l’Inspection du travail et le Procureur général, chef du service Judicaire. Ce dernier préconise une méthodologie qui consiste à recueillir l’avis des organisation syndicales (ouvrières et patronales) qui désigneraient en leur sein des délégués à la Commission consultative du travail chargée d’examiner la réglementation et les avis exprimés dans des questionnaires. A l’issue de ce travail, le Gouverneur publierait un arrêté. Dans cette note adressée au Gouverneur, le procureur général s’interroge toutefois sur l’état de maturation des organisations représentatives qu’il estime être en « cours de gestation ou inexistantes ».

Malgré cette faiblesse de la représentativité soulevée par le Procureur, ce dossier montre que le Gouverneur s’appuiera sur des questionnaires, dont certaines réponses figurent dans le dossier, et qui mettent en exergue les divergences d’opinion entre syndicats patronaux et syndicats ouvriers (notamment celles de l’Union des ouvriers arrimeurs et débardeurs, ainsi que celui des fabricants de sucre de la Guadeloupe) sur le périmètre et les délais d’application de cette loi à la Guadeloupe, divergences qui reflètent celles des syndicats métropolitains.

Malgré ce travail mené par les différents syndicats en commissions, la mise en œuvre de cette loi  créé des tensions entre ouvriers et patrons, comme le montre le sous-dossier relatif à la grève qui débute le 28 juin 1920 dans l’usine Darboussier de Pointe-à-Pître.

Dossier « Loi des huit heures », cabinet du Gouverneur, 1919. Arch. dép. Guadeloupe, INC 1282.

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