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[FOCUS SUR] “Mas Vyéfò“ ou “Masques de Vieux-Fort”, une tradition qui perdure
La saison du carnaval s’est ouverte le week-end dernier à la Guadeloupe, une occasion de remonter dans le temps avec cette carte postale du début du 20e siècle. On y voit un groupe de “Mas Vyéfò“ ou “Masques de Vieux-Fort”, qui posent pour le photographe à l’occasion d’un défilé de carnaval à Basse-Terre.
Parés de leurs vêtements les plus exubérants, les carnavaliers portent naturellement leur masque symbolisant les personnages mythiques du monde caribéen. Au premier plan, le meneur brandit une effigie de Vaval (le roi du carnaval) que l’on ne manque pas de célébrer dans une ambiance festive.
Deux carnavaliers arborent des tambours recouverts d’une peau de cabri ; ils sont de deux types : le “tambour plat” et le “tambour à deux bondas” (le tambour à deux faces). Au premier plan à gauche, un autre carnavalier tient dans ses bras un accordéon, symbolisant ainsi une autre tradition culturelle, cette fois-ci européenne. En arrière-plan, on devine la rue principale de Basse-Terre avec ses bâtiments de type colonial et leurs balcons en fer forgé.
Les Masques de Vieux-Fort sont apparus rapidement après l’abolition de l’esclavage en 1848. Ils sont alors fabriqués à la main avec des matériaux locaux (feuilles de palmier, coquillages, plumes). La confection des “Mas Vyéfò“ est encadrée par des règles strictes, fixées par les Anciens et la tradition. Le masque doit permettre de garder les carnavaliers incognito. Pour se rendre au défilé à Basse-Terre, les “Mas Vyéfò” font le trajet en canot. Le départ du défilé se fait à l’anse Dupuis, dans un lieu tenu secret. Les hommes échangent leurs vêtements pour ne pas être reconnus dans le défilé et tous doivent enlever leur masque avant la tombée de la nuit. Le défilé est toujours conduit par le “mèt a mas”, le maître des carnavaliers. Attribut de son pouvoir, un bâton ne le quitte pas avec lequel il n’hésite pas à frapper ceux qui enfreignent les règles. C’est lui qui dirige les musiciens qui doivent demeurer à leur place pour ne pas fausser le son de la musique.
Cette carte postale est un témoignage précieux du carnaval de Basse-Terre et des Masques de Vieux-Fort « an tan lontan ». Elle témoigne de la richesse culturelle et de la préservation de cette fête, toujours bien vivante.
Carte postale intitulée « Guadeloupe, Basse-Terre, Mascarade », début XXe . Arch. dép. Guadeloupe, 5 FI-5/196.