[Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes] Les violences faites à Emilie

A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, les archives nous montrent, s’il en était besoin, que les violences conjugales ne datent pas d’hier. Malgré ses deux cent ans, le récit des violences faites à Emilie Olivet Delpech par son mari n’a malheureusement rien perdu de son actualité.

Emilie est la fille unique d’Etienne Olivet, un propriétaire terrien qui habite le quartier de Sainte-Anne au nord-est de la Grande-Terre. Elle a épousé un autre propriétaire terrien, nommé Delpech. L’affaire commence en 1809 et elle nous est connue grâce au Registre des déclarations du bureau du commandant de Sainte-Anne, île Grande Terre, Guadeloupe. Sur ce registre, sont consignés au jour le jour les déclarations, plaintes et autres signalements effectués par les habitants du quartier de Sainte-Anne auprès de leur commissaire et de son greffier.

Le 27 avril, à 7 heures 30 du matin, Etienne Olivet, un, habitant du quartier de Sainte-Anne se présente au bureau du commissaire. Il fait aussitôt la déclaration suivante :

« …étant couché sur son habitation avant-hier soir 24 avril présent mois, il a entendu frapper avec grand bruit à sa porte par une servante à lui-même [une esclave lui appartenant] en lui disant :

– « Monsieur ! Monsieur ! ».

Que le comparant s’étant levé tout de suite, et ayant ouvert, cette même servante lui dit :

– « Tenez Monsieur ! voilà Madame Delpech qui est là qui se meurt ! »

« Que s’étant transporté à l’endroit de son parapet [perron] où était ladite dame Delpech sa fille baignée dans son sang provenant de beaucoup de coups qu’elle a dit au comparant avoir reçus de son mari, qu’alors il la fait entrer dans la salle soutenue par plusieurs servantes qui l’aidaient à marcher et mettre sur un matelas qu’il a fait apporter à cet effet pour la soulager. Qu’aussitôt il a dépêché plusieurs messagers, les uns pour avertir les voisins tels que messieurs Besson, Classe et Rabouyer qui se sont rendus chez lui ainsi que le médecin Despaulx qui a dressé son rapport sur les coups et meurtrissures que ladite dame Delpech a reçus. Ledit comparant demande que lesdits messieurs soient requis par le commissaire commandant pour faire leur déclaration sur ce qu’ils ont vu et entendu ; et de plus, il a laissé comme faits de ce qu’il avance une chemise imbibée de sang, un mouchoir de même et un jupon qu’il a prêté à sa fille pour se couvrir vu qu’elle était nue en chemise quand il l’a trouvée sur son parapet [perron]. En foi de quoi, il a fait la présente déclaration et plainte pour servir et valoir envers qui de droit et a signé avec nous commissaire commandant et secrétaire greffier».

 

village guadeloupe XIX siècle
Un village guadeloupéen dans la première moitié du XIXe siècle. Archives départementales de la Guadeloupe, 2 Fi 58.

 

carte guadeloupe Sainte-Anne 1806
Carte de la Guadeloupe publiée en 1806 avec le quartier de Sainte-Anne. Archives départementales de la Guadeloupe, 2 Fi 83.

 

Registre des déclarations du bureau du commandant de Sainte-Anne, île Grande Terre, Guadeloupe. Archives départementales de la Guadeloupe, 4 R, image 06.

 

declarations bureau commandant Sainte-Anne, archives Guadeloupe
Registre des déclarations du bureau du commandant de Sainte-Anne, île Grande Terre, Guadeloupe.Archives départementales de la Guadeloupe, 4 R, image 06.

 

 

 

 

 

 

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