L’alcoolisme au volant en 1956 à travers les archives de la préfecture

A partir de 1954, les autorités publiques, inquiètes à l’échelle nationale des ravages provoqués par les conséquences de l’alcoolisme sur la conduite automobile, prennent des mesures pour lutter contre le fléau. La loi du 15 avril 1954 est promulguée avec son cortège de décrets et d’arrêtés d’application qui s’échelonnent durant toute l’année 1955. Il s’agit surtout de mettre en place les techniques de prises de sang sur les conducteurs présumés ivres après un accident avec des modèles de fiches d’examen médical. A la Guadeloupe, dans un courrier en date du 9 janvier 1956, le directeur départemental de la santé alerte le préfet sur le fait que la nouvelle règlementation en vigueur dans l’hexagone n’est pas encore applicable dans l’île. En conséquence, le 10 février 1956, le préfet demande l’avis du chef d’escadron, commandant de la gendarmerie de Saint-Claude, de l’officier de paix, commandant le détachement des CRS, du directeur départemental des services de police à Basse-Terre. Eux-mêmes s’informent auprès de leurs subordonnés.

Voici les clichés de quelques réponses qui éclairent le fonctionnement de l’administration et la société guadeloupéenne quelques années après la départementalisation. La plupart des officiers de police préconisent l’application de la législation au vu du très grand nombre d’accidents provoqués par l’alcool au volant. Les réponses, succinctes, ne sont étayées d’aucun chiffre précis. Seul, le chef d’escadron de Saint-Claude émet quelques réserves qui concernent l’application pratique des décrets en raison du manque d’infrastructures et de personnel. Il argumente aussi sur le fait qu’il est toujours possible de tricher afin de contourner la loi.

Nous sommes encore loin des techniques préventives comme l’alcootest. Les contrôles s’effectuent après l’accident. Le progrès est tout de même énorme par rapport à l’époque où l’ivresse était une circonstance atténuante en cas d’accident de la route, car être ivre signifie qu’on ne jouit pas de toutes ses facultés et que l’on ne l’a pas fait exprès…

Il semble, qu’au moins pour l’année 1956, l’avis du chef d’escadron de Saint-Claude ait prévalu, car on ne trouve aucun texte relatif aux dangers de l’alcool dans les « Recueils des actes administratifs de la préfecture de la Guadeloupe ». Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à vérifier et à continuer la recherche en salle de lecture.

Archives Guadeloupe correspondance alcoolisme loi
Arch. Dép. Guadeloupe – SC 1260
Archives Guadeloupe correspondance alcoolisme loi
Arch. Dép. Guadeloupe – SC 1260
Archives Guadeloupe correspondance alccolisme loi
Arch. Dép. Guadeloupe – SC 1260

Fonds de la Préfecture, cabinet du préfet, 1956. Arch. dép. Guadeloupe, SC 1260.

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