[FOCUS SUR] Le « poilu » Fernand Maurice Gabou, matricule 1759

Pendant la Première Guerre mondiale, les soldats antillais, citoyens français, combattent avec les soldats métropolitains dans les différentes unités de l’armée française : l’infanterie coloniale, l’infanterie de ligne, la cavalerie, l’artillerie, le génie, la marine. En fonction des circonstances, quelques-uns servent également dans les troupes coloniales « indigènes », tirailleurs, sénégalais ou malgaches. Les plus âgés – à partir de 34 ans – vont dans l’armée territoriale, a priori moins exposée. Ils occupent tous les grades et tous les postes : ils sont fantassins, canonniers, mitrailleurs, conducteurs de véhicules, grenadiers, agents de liaison, infirmiers, médecins, téléphonistes, sous-mariniers, tankistes, etc. Ils servent sur tous les fronts, de la mer du Nord à la Suisse, dans les Dardanelles et dans les Balkans. En raison de leurs compétences, certains d’entre eux obtiennent une affectation provisoire dans une usine et ils contribuent alors à l’effort de guerre mais d’une autre façon.

Le parcours de ces hommes nous est connu de manière détaillée grâce à une série de registres tenus par le bureau de recrutement de Basse-Terre ; il s’agit des registres matricules militaires. Ils représentent plus de 9000 fiches individuelles qui concernent les jeunes gens passés devant le conseil de révision et reconnus aptes à accomplir leurs obligations militaires.

Ces fiches signalétiques contiennent de nombreux renseignements : l’état civil, la situation familiale, la profession, le degré d’instruction, les caractères physiques, le parcours militaire avec les différentes affectations, les blessures reçues, les distinctions, les punitions et ce jusqu’à la fin des obligations liées à la conscription, comme le montre le feuillet matricule du caporal Fernand Maurice Gabou, matricule 1759.

 

Né à Vieux-Habitants en 1893, Fernand Maurice Gabou appartient à la deuxième génération de jeunes Guadeloupéens appelés à faire leur service militaire. Incorporé au Camp-Jacob le 28 avril 1914, il rejoint le 1er régiment de zouaves, une unité d’infanterie légère stationnée en Algérie. Dès le début de la guerre, il sert sur le front occidental avant de rejoindre le 2e régiment de zouaves et de servir dans le corps expéditionnaire d’Orient. Il est blessé pendant les violents combats de Seddul-Bahr sur la presqu’île de Gallipoli dans les Dardanelles le 12 juillet 1915. La veille, il a été promu caporal. Il sert alors en France pendant les trois années qui suivent, entrecoupées par l’hivernage dont bénéficient les soldats créoles. Revenu en première ligne au mois de mai 1918, il participe à la seconde bataille de la Somme. Son régiment prend part à de violents combats les 8, 9 et 10 août 1918 et avance de 22 km en 3 jours. Mais 106 soldats français sont tués ou portés disparus, dont 11 caporaux et parmi eux figure Fernand Gabou, tué le 10 août 1918 à Guerbigny-Marquivillers. Sa feuille matricule est barrée en diagonal et porte au crayon la mention : mort pour la France.

Arch. dép. Guadeloupe, 1 R 86, registre des matricules militaires de la classe 1913.

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