L’île de Saint Kitts, point de départ des colonisations françaises et anglaises dans les Antilles.

Cette carte française représente l’île de Saint Christophe, plus connue aujourd’hui sous le nom de Saint Kitts. Elle n’est pas datée, mais elle montre une situation antérieure à 1713 et à l’abandon de l’île par le roi de France. On y voit une île faisant 176 kilomètres carrés à peine, au relief accentué, à la côte découpée et entourée de récifs. Dans ce petit espace peuplé d’Indiens Kalinagos, deux puissances européennes se sont pourtant établies au début du XVIIe : les Anglais et les Français. Cette double occupation est rendue bien visible par le tracé des frontières qui séparent les deux établissements : les Anglais sont au centre de l’île, enserrés des deux côtés par les possessions françaises. Pas moins de cinq forts ont été construits pour assurer la sécurité de chacun

Mais, ce qui est intéressant à plus d’un titre est de saisir l’historicité de ce qu’illustre ce document. Saint Christophe est le point de départ des colonisations françaises et anglaises aux Antilles. Nous pouvons alors apprécier le premier « pied à terre » officiel de deux puissances notables de l’ancien monde dans cette partie du globe. L’image véhiculée de la colonisation dans l’espace américain est souvent fastueuse voir grandiloquente. Cette carte permet, au contraire, de voir la progressivité de l’implantation européenne. Partis du presque rien rendu visible ici, Français et Anglais vont initier des missions de reconnaissance dans d’autres îles afin de déterminer leurs futures implantations. Cette carte expose donc véritablement « là où tout a commencé ».

D’autre part, il faut peu de temps au contemplateur de cette carte pour s’interroger sur la cohabitation de ces deux puissances sur une entité insulaire si petite. Et, c’est là tout l’intérêt du document, il détermine avec une relative précision, l’endroit où fut érigé ce qui, aujourd’hui, constitue le meilleur témoignage de cette difficile coexistence : la forteresse de Brimstone Hill, inscrite depuis 1999 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Carte de l’ile de Saint Kitts, XVIIe s ; Arch. dép. Guadeloupe, 1 Fi 87.

Adaptation du texte de Séverine Séveno extrait de « Florilège d’archives »,  en vente aux Archives départementales de la Guadeloupe, 25 euros.

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