Que peut-on apprendre d’un registre de décès ? L’exemple du  registre de Capesterre-Belle-Eau en 1858.

Le focus de cette semaine vous présente quelques actes extraits du registre des décès de la commune de Capesterre Belle-Eau de 1858. Le seul critère de sélection qui a présidé au choix des actes est la variété des origines des décédés. Il est impossible de les présenter tous et c’est dommage, car chaque acte condense et scelle une vie entière généralement très brève.

L’âge moyen des décès est d’environ 29 ans, 48% concernent des enfants ou des jeunes de moins de 21 ans.

 

Pour n’en citer que quelques-uns : l’acte n°151 signale le décès de l’africaine Couomba dite Laou, cultivatrice âgée de 14 ans, née à Soulou, côte de Loango, résidant sur l’habitation « Les Mineurs », fille de parents inconnus.

état civil décès archives guadeloupe capesterre

 

L’acte n°17 enregistre le décès du madérien Souza de Jouan, sans profession, âgé de 15 ans, né à Madère, domicilié et résidant en cette commune, habitation Belle Alliance, section du Bananier, fils de dame Quiteria Sylva ;

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L’acte n°85 informe du décès de l’indien Mounien, fils de Irsin, cultivateur âgé de 15 ans, né à Pondichéry, résidant sur l’habitation Bois Briant, célibataire.

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Quant au décès de Damien, déclaré dans l’acte n°263, il a eu lieu à l’hôpital : « Paraissant âgé de 22 ans, aucune pièce n’a été trouvée sur lui qui permette de l’identifier. Cependant, d’après  les renseignements qui nous sont parvenus, il travaillait probablement comme cultivateur au mois sur l’habitation Monrepos ».

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Nous sommes dix ans après l’abolition de l’esclavage. Pour pallier le manque de main d’œuvre sur les habitations, les propriétaires terriens, aidés et soutenus par les le Conseil général et les autorités de l’État, font venir sur leurs propriétés des hommes et de femmes de régions du monde fort différentes. Un système administratif complexe se met en place pour faire venir les travailleurs africains, indiens et madériens. Les autres immigrations européennes ou de travailleurs venus des Antilles anglaises sont souvent mues par des raisons personnelles.

Sur un total de 266 actes de décès, on trouve 27 immigrés indiens, 23 immigrés d’Afrique arrivés après l’abolition de l’esclavage, 1 madérien, 2 européens, 4 antillais anglais venant d’îles voisines, 212 créoles ou anciens esclaves nés en Afrique, dont beaucoup ne portent pas encore de noms patronymiques. Il est à noter qu’un grand nombre de nouveaux libres sont arrivés irrégulièrement à la Guadeloupe, victimes de la traite négrière interlope.

Il est frappant de constater la variété des communes de naissance des habitants de Capesterre décédés en 1858. Certains ont commencé leur vie à Marie-Galante, Gourbeyre, Trois-Rivières, Basse-Terre, Saint-Barthélemy, Le Moule, Pointe-à-Pitre, Les Saintes… Le registre s’achève le 31 décembre par l’acte de la demoiselle Bibianne Coursier, morte à 98 ans, doyenne des décédés de l’année 1858. C’est réconfortant après une longue série de décès d’enfants et d’adultes très jeunes.

Au regard des registres de décès antérieurs et postérieurs, l’année 1858 ne se distingue pas par un nombre exceptionnel de décès. Il est certain que ces actes restent pour beaucoup la seule trace visible d’une existence en ce monde. Ce registre de décès est en ligne sur notre site.

Etat-civil, collection des greffes des tribunaux, registre des décès de 1858,  Arch .dép. Guadeloupe, 1 E 7/12.

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