Savez-vous ce qu’est un « rapport de mer » ?

Le rapport de mer d’un navire contient des informations sur les cargaisons chargées et débarquées, les escales effectuées, les personnes à bord et les difficultés rencontrées. Il est rédigé par le capitaine, qui doit le déposer à son arrivée au port au greffe du tribunal de commerce. Le rapport de mer est « affirmé » devant le président du tribunal de commerce, ce qui vaut déclaration solennelle par le capitaine de la véracité et de la sincérité du contenu de son rapport.

Les Archives départementales de la Guadeloupe ne conservent pour le moment que deux registres de rapports de mer pour les années 1937 à 1950. Le registre commencé le 23 mars 1949 et clos le 26 décembre 1950 contient vingt-six rapports affirmés par les capitaines des navires nommés Quercy, Caribée, Fort Duquesne, Fort Dauphin, Guadeloupe, Fort royal… qui sont une source importante pour l’histoire de la navigation.

On apprend par exemple que le cargot Maurienne, en parfait état de navigabilité, part de Dieppe à destination de Basse-Terre le 9 août 1950 avec à son bord six passagers et leurs bagages, dont une voiture. Du 9 au 12 août 1950, la mer est houleuse et très creuse, le tangage fort et violent puis, du 13 au 15 août, la mer est belle. À partir du 20 août, le ciel est couvert, la mer est grosse et « le baromètre reprenant sa descente fait présager l’approche d’un cyclone ». Le lendemain, le navire passe la Désirade et reprend son allure normale puis stoppe au large de Basse-Terre. En raison de la grande fatigue infligée au bateau par la tempête, le capitaine fait toutes les réserves concernant les avaries qui pourraient être découvertes.

Le rapport rédigé par Georges Croisil, âgé de 42 ans et capitaine du navire Fort Richepanse, mentionne un événement tragique. Parti de Dieppe le 13 décembre 1950, il reçoit le lendemain à 9h30 un message du navire américain, qui assiste le navire grec Aglios Pyridon, et qui demande de l’aide car l’équipage grec envisage d’abandonner son navire. Georges Croisil rallie le navire en détresse, « aussi rapidement que le permet l’état du temps ». Arrivé sur les lieux à 10h42, il assiste à la mise à la mer d’une embarcation contenant cinq personnes et aperçoit un homme à la mer. À 13h14, trois rescapés du canot sont hissés sur le navire puis le canot chavire et le capitaine voit, impuissant, « disparaître les deux autres personnes qui semblent assommées par la mer ». De son côté, l’Aglios Pyridon prendra la direction de Brest, escorté par un remorqueur venu à son secours.

 

Registre de rapports de mer, Arch. dép. de la Guadeloupe, 6 U 1/31.

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